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William Acin
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27 février 2016

Boustrophédon-Placébo Domingo-La Machine à Jouer.

placebo-domingo-acin-boustrophedon

Invité du programme d'expositions et de rencontres Boustrophédon .

William Acin "Placebo Domingo" œuvres récentes 13/15 rue du Parlement Sainte Catherine Bordeaux.

Lieu: La Machine à Musique: 13/15 rue du Parlement Sainte Catherine 33000 Bordeaux

Entrée Libre

Contact: Christophe Massé (06 47 63 34 75) visite et rencontre avec l'artiste présenté. Renseignements concernant la programmation. 

 

 

PLACEBO DOMINGO / Catherine Pomparat :

Placebo Domingo pantodémimeur de fond

Quand il arrive vent debout dans le salon de musique, Placebo Domingo n’est pas là. Ce n’est pas grave, pense Boustrophédon soulagé d’accoster.
Il reprend son souffle et se sent prêt à tout larguer.
Il se rend compte qu’il ne sait pas par quoi commencer.
Prises dans un siphon, les pyrogravures sur papier encadrées et sous verre ascensionnent les murs en rangs serrés. Elles embrasent des lettres jusqu’au plafond.
 
− Au secours ! le feu sacré brûle le papier comme au Salon des refusés ! s’écrit Boustrophédon.
− Criez on est pas là, lui répond un énoncé formaté hilarité.
− Épargne-moi. Tu me vois, moi, dans mon émoi, éteindre ta voix ? Je brûle donc je suis brûlé.
− Born to be enbedded, geint une poitrine augmentée de tétracaine.

 C’est Placebo Domingo. Il revient anesthésié du dojo. Il y cherche sa voie au milieu d’airs disparates ou disparus ou qui n’en ont plus pour longtemps à faire le guide-chant des airs du temps.
Une clef de biche au sol joue les bémols. Son art de faire c’est la manière pieds dans le plat ou le « Labii reatum » (cf. la note) dans le meilleur des cas.
 
− Toutes les meilleures fins ont une chose. Faut changer de comédication dit l’hymne de Saint Jean.
− On connaît la chanson : faire sortir le jour faire entrer la nuit, parler dans le sable marcher dans ma tête, absoudre l’absurde et pendant ce temps very boat people ne restent que les dents.
− Moi je montre les dents en chantant Nessum Dorma à la manière de Gallia Placidia dit Placebo Domingo.
− Arrache-toi une oreille plutôt, répond d’un bond Boustrophédon qui pense au grand blond qui vient d’incinérer sa partition sur le grill de Saint Laurent.

Avec les tons de crémation de ces énoncés vagabonds, on croit que c’est la technique qui produit l’effet mérite mais c’est la parole sur charbons ardents. On croit que c’est compliqué d’ainsi parler mais ce n’est pas plus difficile que l’ennui Lexomille : Ici et Las.
Sans tomber dans l’effet secondaire invalidant, on doit se débrouiller avec les mots gravés. Ne pas brûler ses dernières cartouches en rouspétant : car nous autres, artistes, nous brûlons extravagamment.

− Le sens ça n’en finit jamais de dire, soupire d’approbation Boustrophédon.
− Dans l’impossibilité d’être semblable à ma propre image, je fais le mage et je cherche ma vérité dans des fragments de phrases brûlées, dit le copain de Sémélé.
− Avec la portée mimétique de ta pratique, la portée musicale est bancale, tes mots claudiquent : botte debout, botte couchée, piaille le traîne-charrue tête par dessus cul.
− Je fais l’ironiste pas triste en chantant l’opéra avec ma voix sans voie.

Placidia et Placido forment le couple très beau des parents de Placebo.
Il fait comme SI.
Il ne fait pas comme DO.
La gamme poïetique des anges musiciens c’est son chemin.
DO RE MI FA SOL LA SI DO
c’est son matériau composite,
c’est sa matière verbale banale,
c’est sa musique sans encaustique.
« Quand les anges apparaissent c’est foutu », ronchonne un homme qui a aperçu l’exposition depuis la rue.

« Ça sent le brûlé ! » se contente de dire un pompier à la retraite qui est passé quelque peu après.
L’homophonie, la similarité consonnante, les inversions de sons, les résonances symétriques et/ou excentriques, la matière textuelle traitée à la truelle… métamorphosent les mots pyrogravés sur le papier en cendres d’images de pensée.

Les cendres se posent sur Boustrophédon. Comme son oreille n’a pas appris à entendre ce nom, la langue morte du langage brûlé ne peut pas le pénétrer. C’est à la vie vive du papier que le poète est sensible. Son oreille perçoit les signes vivants d’un opéra bouffon qui tourne en rond.

Placebo Domingo pense alors : « J’ai bien chanté ! J’ai transformé le vent en murmure et le seuil du salon en embrasure pleine de dents. J’efface mes traces et mes grimaces. Ma vie est lasse et usée à force d’illisibilité. Mon invisibilité passagère est ma mégère non-apprivoisée. »

douleur, douceur, sur le fond pyrogravé les mots jumeaux font placebo.
Le mot douleur n’en finira jamais de tirer un trait sur le passé.
La terre de Sienne brûlée est ensemencée de pointillés.
À force de se consumer la lettre l a presque disparu en entier.
Elle (l) est devenue un c.
Le mot douceur résiste grâce au feu sacré.
Un esprit innocent et un cœur inspiré est passé.

La note :Note sur les notes.
Le nom des notes de la gamme vient de la première syllabe de chaque vers de
l’ Hymne à Saint Jean Baptiste :UT queant laxis (changé en do en 1673 par l'Italien Bononcini)
REsonare fibris
MIra gestorum
FAmuli tuorum,
SOLve polluti
LAbii reatum
Sancte Iohannes (initiales SI)

Catherine Pomparat

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