Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
William Acin
Newsletter
Publicité
21 mars 2011

Démarche

Dans ma pratique de la vidéo et de la photographie, je manipule le réel, j’interviens sur un détail, je crée un regard perturbateur. En vidéo, j’insiste notamment sur une gestuelle répétitive, les plans fixes sont très fréquents au montage. L’image par sa répétition devient un motif. En photographie, je souligne un aspect particulier de l’espace habité. Je cadre en composant de manière géométrique pour mettre en évidence les pleins et les vides, un peu comme à la surface d’un tableau.

J’applique le détournement du sens commun afin de provoquer chez le spectateur un regard critique et distancé sur sa vie quotidienne et sa conception du monde. J’utilise l’humour, l’ironie pour provoquer, instiller du désordre dans « notre » rapport aux objets et dans l’usage quotidien des signes, en explorant notamment la question de l’inquiétante étrangeté de l’ordinaire, afin de faire émerger chez le spectateur une réalité sensible.

 

J’aime m’imaginer être au bout du continent Européen comme un naufragé, avec l’idée de robinsonnade. J’aime particulièrement, les zones suburbaines, les landscapes  (comme la forêt des Landes en Gironde ou  « La dune du Pyla » sur le Bassin d’Arcachon, côte Atlantique par exemple) avec l’idée de repérer dans un territoire un ou plusieurs lieux aménagés situés « à la limite de »; (station service désaffectée en bord de route, blockhaus en bord de plage, gare frontalière désaffectée, etc.), devenus avec l’usure du temps « presque » naturels. Au cours de mes errances dans ces territoires je collecte différents matériaux modestes (enjoliveurs de voiture, morceaux de bois, etc.) puis je les combine avec des matières insolites (papier crépon, couverture de survie, moquette de salons etc.), et je les transforme. Ces réalisations donnent lieu ensuite à des mises en scène in situ et à un traitement photo et vidéo.

À partir de là, je mets en scène avec l’idée du langage vidéo ou photographique des objets et des gestes selon deux protocoles distincts. Les objets sont soit rencontrés in situ  puis transformés en atelier et réinstallés sur place, soit traités directement in situ. La succession d’images (faux « sample » vidéo), assure la répétition d’un mouvement qui produit des interstices dans lesquels peut entrer le regard du spectateur. Ils révèlent alors à ce lieu, un « motif glané » qui sous un aspect machinal et sans fin, dans un  double mouvement simultanée de déterritorialisation et de reterritorialisation, peut révéler « le génie du lieu » qui l’habite. M’attachant à créer un trouble entre fiction et réalité, je constitue une matière infiniment plastique susceptible de combinaisons et je traite les images avec ironie et auto dérision. Les bandes sons, crées à partir de musiques  de cinéma de séries b américaines des années soixante dix, proposent une vision distanciée de la réalité.

Dans ma pratique, la gestuelle prend toute son importance. Je pars d’un geste simple décontextualisé de son usage courant et je le déplace de son registre initial, de son champs d’origine pour le faire exister ailleurs. Par exemple, dans une vidéo intitulée « à voté », je prend le geste « pointer » lié à l’exercice de  la pétanque. J’impulse un mouvement du bras que je répète sans la boule. Cette fois ci à vide, je remplace l’objet par un autre, ce qui dans cet exemple donne à l’image, une chute successive de pignes de pin selon une trajectoire parabolique filmée. Dès lors, l’impact sur le sol de pignes de pin apparaît comme plombé rappelant la boule métallique du jeu. La répétition permet un état de conscience modifié, une vibration où la main redécouvre un usage.

La photographie permet quant à elle, par son instantanéité, de mettre en évidence l’aura du lieu (Walter. Benjamin) et l’accent d’authenticité du geste artistique (André. Breton). Il s’agit pour moi d’en  faire émerger d’un point de vue anthropologique, un rapport particulier avec le corps.

Dans ma pratique de  l’installation j’utilise des objets créés ou des ready-made. Ce sont au départ,  des objets de notre quotidien et des matières éphémères. Par exemple, j’utilise des enjoliveurs en plastique de grandes marques automobiles, trouvés dans l’espace urbain que j’agrémente de papier crépon. Devenus « auréolés » ces objets, que je nomme « Ange Oliver », donnent à ces résidus de l’industrie un caractère ornemental et ostentatoire. Ils peuvent donner lieu à des installations  in situ ou placés dans l’espace d’exposition traditionnel (musée/galerie). Je récupère des cadres dans les poubelles des encadreurs, je les transforme en carré d’installation murale. Je crée des images mentales inspirées des cartoons.

En définitive, ma démarche se caractérise par une intention, un don, la volonté de provoquer une rencontre à la croisée des chemins. En ce sens je me sens proche d’artistes comme, Robert Filliou, Jacques Lisènes ,Carsten Höller, Maurizio Cattelan, Guy Ben-Ner et  Marc Dion.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité